Un appel à l’action pour l’Afrique
Le Tchad accueille du 02 au 05 juillet 2024 la Première conférence panafricaine de l’Union africaine sur l’éducation des filles et des femmes en Afrique (AU/PANCOGEd1). Le thème de la rencontre est : « Priorité à l’éducation des filles et des femmes : Une stratégie pour un accès accru à un apprentissage inclusif, qualitatif, tout au long de la vie et pertinent pour l’Afrique ».
Organisée par le Centre international de l’Union africaine pour l’Education des Filles et des Femmes en Afrique (UA CIEFFA), cette conférence est un plaidoyer pour le développement intégral de la jeune fille et de la femme africaine. L’Union Africaine (UA), en partenariat avec d’autres organisations multilatérales, travaille pour garantir l’accès à une éducation de qualité, pertinente et inclusive pour toutes les filles et femmes africaines, mais le chemin à parcourir est encore long. Les gouvernements africains doivent également faire des efforts pour investir davantage dans l’éducation et garantir que l’éducation est accessible à tous.
« Cette conférence vise à rassembler et écouter toutes les voix clés sur l’éducation des filles et des femmes », indique cet organisme. « La conférence aura pour objectif principal de positionner l’accès équitable à une éducation de qualité et au développement de compétences pour les filles et les femmes comme priorités sur l’agenda politique, en particulier dans les situations humanitaires sous le cadre du thème de l’UA de l’année 2024, d’évaluer collectivement le statut de l’éducation des filles et des femmes en Afrique, de mobiliser le soutien pour le financement, et de renforcer le plaidoyer pour l’adoption à un haut niveau de politiques et de cadres transformateurs et inclusifs en matière d’égalité entre les sexes », poursuit-il.
Aussi, le programme reçu par Femmes d’Afrique laisse-t-il entrevoir d’importantes sessions d’échanges et d’interactivités autour de la problématique de la promotion et de l’émancipation de la jeune fille et de la femme africaine, le partage d’expérience, le développement des compétences, la lutte contre la violence faite aux femmes… D’autres moments majeurs non-exhaustifs prévus sont : la présentation et discussion sur le projet de rapport sur la situation de l’éducation des filles en Afrique ; la présentation liminaire sur les impacts de la violence basée sur le genre, des mariages d’enfants, des grossesses précoces et des mutilations génitales féminines sur l’éducation des filles et des femmes ; le lancement continental du rapport “Éducation des filles et élimination du mariage précoce en Afrique : Le cas de l’investissement et le rôle des enseignants et des Chefs d’établissements scolaires” ; le lancement de la campagne #AEH – Africa Educate Her – par le Tchad à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire de l’UA CIEFFA ; ou, encore, la présentation des initiatives et des campagnes de l’UA sur les champions de la jeunesse et l’éducation des femmes.
L’éducation des femmes et des filles en Afrique : un défi majeur
Malgré les nombreux efforts déployés par les gouvernements, les organisations multilatérales et les acteurs de la société civile l’éducation de la femme africaine reste un défi majeur à surmonter. L’Union Africaine (UA), en partenariat avec d’autres institutions, a pris des initiatives pour relever ce défi et garantir un accès équitable et de qualité à l’éducation pour toutes les filles et femmes africaines.
« La première conférence panafricaine de l’UA sur l’éducation des filles et des femmes en Afrique est une plateforme importante pour discuter des problèmes persistants et pour élaborer une stratégie commune pour résoudre ces problèmes », a affirmé, à Femmes d’Afrique, Roseline Wondje, responsable Pôle Education dans une Organisation non gouvernementale (ONG) basée à Douala. « Le thème de la rencontre, “Priorité à l’éducation des filles et des femmes : Une stratégie pour un meilleur accès à un apprentissage inclusif, de qualité et pertinent tout au long de la vie en Afrique”, met l’accent sur la nécessité de donner la priorité à l’éducation des filles et des femmes pour assurer leur accès à un apprentissage inclusif, de qualité et pertinent tout au long de leur vie », ajoute-t-elle.
En effet, l’UA a mis en place plusieurs initiatives pour promouvoir l’éducation des femmes et des filles en Afrique. L’une des plus importantes est le Plan d’Action de l’Union Africaine pour l’Education (PAUE) pour la période 2015-2025. Le PAUE vise à relever le niveau de l’éducation en Afrique en garantissant l’accès à une éducation de qualité, pertinente et inclusive pour tous, en mettant l’accent sur l’éducation des filles et des femmes.
Le PAUE s’appuie sur plusieurs documents de politique clés, tels que la Déclaration de l’UA sur l’éducation en Afrique (2007) et l’Agenda 2063 de l’UA pour l’Afrique. L’Agenda 2063 est un document de politique à long terme qui définit la vision, les objectifs et les aspirations de l’Afrique pour les 50 prochaines années. L’un des objectifs clés de l’Agenda 2063 est de garantir l’accès universel à une éducation de qualité pour tous les Africains.
L’UA travaille également en étroite collaboration avec les Nations Unies pour promouvoir l’éducation des femmes et des filles en Afrique. Les Objectifs de développement durable (ODD), adoptés en 2015, incluent l’objectif 4, qui vise à garantir une éducation de qualité pour tous. Le cible 4.1 des ODD vise à garantir que tous les enfants africains ont accès à une éducation de qualité gratuite et équitable et à des possibilités d’apprentissage tout au long de leur vie.
Promouvoir l’éducation et lever les obstacles
Au fil des ans, les pays africains ont implémenté des initiatives gouvernementales en faveur des femmes. Mais, toutes ces initiatives n’ont prospéré en raison des budgets restreints.
« Il est regrettable que les gouvernements africains ne consacrent pas suffisamment de budget aux femmes », constatait, en février dernier, Nkosazana Dlamini-Zuma, la ministre sud-africaine chargée des femmes, de la jeunesse et des personnes handicapées, dans une interview accordée à Femmes d’Afrique. « Les gouvernements doivent être à l’avant-garde pour veiller à ce que les femmes aient toutes les opportunités », avait-t-elle renchéri.
De leur côté, des organisations internationales, à l’instar de l’ONU, l’Unesco, la BAD ou l’UA ont mis sur pied de multiples initiatives pour promouvoir l’éducation des femmes et des filles en Afrique, garantir l’accès à une éducation de qualité pour les filles et à éliminer les obstacles à leur éducation, tels que la discrimination sexuelle, la pauvreté, les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.
La Campagne de l’Education pour tous (ONU), le Programme pour l’Education des Filles (Unesco), l’Initiative pour l’Education des Filles en Afrique (BAD) voire la Plateforme pour l’Education en Afrique (UA) qui vise à renforcer la coordination et la collaboration entre les États membres, les partenaires au développement et les acteurs de la société civile pour promouvoir l’éducation en Afrique sont les plus emblématiques.
Cependant, en dépit de ces initiatives en cours, l’éducation des femmes et des filles en Afrique reste un défi majeur pour le continent. Selon l’UNESCO, environ 130 millions de filles dans le monde ne sont pas scolarisées. En Afrique subsaharienne, seulement 8 filles sur 10 terminent l’école primaire et seulement 1 fille sur 7 termine le secondaire.
« Les obstacles à l’éducation des femmes et des filles en Afrique sont nombreux et complexes », observe, Clovis Oyono, un membre de la société civile. « Outre la discrimination sexuelle, la pauvreté, les mariages précoces et les mutilations génitales féminines, d’autres facteurs tels que les conflits armés, les catastrophes naturelles et les migrations peuvent également affecter l’accès à l’éducation des femmes et des filles en Afrique ».
Qui plus est, le manque de financement de l’éducation en Afrique est également un obstacle majeur. Selon l’Unesco, les gouvernements africains consacrent en moyenne seulement 4,5 % de leur PIB à l’éducation, soit moins que la moyenne mondiale de 4,7 %. Le manque de financement entraîne une pénurie d’enseignants qualifiés, de matériel didactique et d’infrastructures éducatives adéquates, ce qui affecte la qualité de l’éducation en Afrique.
Sylvestre Tetchiada