Santé Publique - Enjeux et déclinaisons de la notion de genre,santé et droits sexuels et reproductifs en Afrique
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Santé Publique – Enjeux et déclinaisons de la notion de genre,santé et droits sexuels et reproductifs en Afrique

Du 26 février au 2 mars 2024, le Palais des Congrès de Rabat (Maroc) a abrité les travaux de la 11ème édition de la Conférence Africaine sur les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive (de son acronyme anglais, ACSHR – African Conference On Sexual Health And Rights).

Les travaux conduits sous le thème : “la santé sexuelle et reproductive et le bien-être familial en Afrique”, furent un moment de convergence des connaissances, de l’innovation et de la collaboration. Objectif ? Redessiner l’avenir de la santé et des droits en Afrique. Placé sous le Très Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, cet événement était organisé par l’Association Marocaine de la Planification Familiale, avec l’appui technique et financier de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Pendant six jours, il a été rythmé par près d’une trentaine de sessions animées par des décideurs venus d’Afrique et d’autres pays du monde, des membres de gouvernements, des premières dames, des universitaires, des pané[1]listes de haut niveau, des membres de la société civile, des jeunes et de plusieurs autres acteurs opérant dans des secteurs dont les activités ont un rapport avec les problématiques de santé. Pour Gilbert Mokoki, le ministre de la Santé et de la Population du Congo, cette conférence s’inscrit dans le cadre de la promotion des poli[1]tiques et des programmes centrés sur les personnes en matière de Santé Sexuelle et Reproductive (SSR) et l’amélioration de la qualité de vie des individus, des familles, des communautés dans les pays africains. Et de préciser : « la Santé Sexuel[1]le Reproductive (…) est un état de bien-être physique, mental et social, et non seulement l’absence de maladie ou d’infirmité en ce qui l’appareil génital dans son anatomie et son fonctionnement ». « A cela s’ajoutent tous les aspects de la sexualité et de la reproduction concernant la santé de la femme et de l’enfant et des jeunes adolescents. Actuellement, ce concept s’étend aussi bien chez la femme ménopausée que chez l’homme », a-t-il renchéri, à Hommes d’Afrique Magazine.

Selon cet homme d’Etat, la planification familiale, la santé maternelle et infantile, les cancers génitaux et mammaires, les maladies sexuellement transmissibles, le VIH-Sida, la communication pour le changement de comportement, l’infécondité font partie des composantes de la SSR. Aussi, le rassemblement de Rabat a-t-il connu une pré-conférence des jeunes. Celle-ci a eu lieu les 26 et 27 février 2024, au Complexe Moulay Rachid de la Jeunesse et de l’Enfance à Bouznika.

Au cours de celle-ci, l’accent a été mis sur la promotion et la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence Internationale sur la population et le développement (CIPD) et se veut une contribution significative à la réalisation de l’Agenda 2030, en particulier les ODD 3 et 5, ainsi que l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Elle a été également, une occasion pour discuter, partager et étendre les progrès réalisés sur la SSR des fem[1]mes et des jeunes en Afrique et a permis d’identifier, d’interroger et de consolider les meilleures politiques et les bonnes pratiques en la matière. Mettre en lumière les progrès réalisés Selon la Fédération internationale pour la planification familiale (IPPF, de par son acronyme anglais – International Planned Parenthood Federation) dont la mission est de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des femmes et des hommes, en agissant pour la santé et les droits sexuels au niveau politique et sur le terrain auprès des populations, en dépit des efforts des partenaires, plus d’une femme sur cinq sexuellement actives jusqu’à l’âge de 25 ans a un besoin urgent de contraception. « Une femme sur 10 en âge de fécondité se trouve dans une situation de grossesse sans avoir accès à aucun planning familial », a déploré, Alvaro Berjmejo, le directeur général de l’IPPF.

Berjmejo a aussi évoqué les pratiques d’avortement les plus prévalentes qui provoquent des taux de mortalité élevés dans le monde. L’IPPF travaille d’arrache-pied dans 160 pays à travers le monde, par le biais de ses associations membres, avec plus de la moitié des opérations sur le continent africain, pour fournir des services de premier rang, a souligné ce manager. La première dame de la République de la Zambie, Mutinta Hichilema, intervenant à son tour, a fait observer que cette conférence devrait être l’occasion de mettre en lumière les progrès réalisés en Afrique en matière de santé sexuelle et repro[1]ductive. Elle a saisi l’occasion pour partager la vision de son pays quant aux défis affrontés et les moyens de les relever au niveau continental, notamment à travers l’adoption d’une approche fondée sur le cycle de vie. « Toute fille ou femme en âge de procréation est confrontée à des défis considérables tels que les infections par le VIH et les maladies liées aux Sida qui requièrent notre interven[1]tion », a fait constater l’épouse du président zambien. « Les efforts des pays africains doivent être consen[1]tis et concentrés autour du bien-être physique, émotionnel et mental ». Brigitte Touadera, Première Dame de la République Centrafricaine, quant à elle, s’est penchée sur le taux très élevé de la mortalité maternelle dans son pays, qui occupe « la 4e position en Afrique après le Soudan du Sud, le Tchad et le Niger » en ce qui concerne cet indicateur. Et de conter : « les dystocies, les complications des avortements clan[1]destins et les infections après accouchement sont parmi les principales causes de la mortalité maternelle en République Centrafricaine ». « En réponse à cette situation, la République Centrafricaine a développé un Dossier d’investissement pour la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infanto-juvénile », a enchaîné l’illustre oratrice. « L’objectif est d’entreprendre des actions qui permettront de passer de 835 décès pour chaque 100.000 naissance vivante en 2023 à moins de 600 en 2026 », a poursuivi Madame Touadéra. C’est au Caire, en 1994, lors de la Conférence internationale sur la population et le développement, que la lumière avait été faite, à l’échelle mondiale, de façon spécifique, sur les droits et la santé en matière de procréation eu égard en particulier au VIH/Sida. A l’évidence, 30 ans après ladite conférence qui prônait les droits en matière de santé de la reproduction ; l’objectif de «faire en sorte que des informations complètes et factuelles et toute la gamme des services de santé en matière de reproduction, y compris la planification familiale, soient accessibles » est encore loin d’être atteint pour les jeunes en Afrique subsaharienne. Et, même si la santé reproductive a enregistré d’appréciables progrès ces dernières années – les panélistes l’ont relevé au cours de la 11ème édition de l’ACSHR – il faut porter une attention accrue sur l’information visant de nombreux défis à surmonter. L’enjeu étant de tout mettre en œuvre, afin que le “Programme 2030” de l’Organisation des Nations Unies, qui comprend de nombreux accomplissements liés à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et filles, et à la santé et droits sexuels et reproductifs qui dé[1]passent amplement les engagements des OMD, devienne réalité.

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