Journée internationale de la femme en Centrafrique : Catherine Samba-Panza vent debout contre l’analphabétisme des femmes
A l’occasion de la célébration de la 40ème édition de la Journée internationale de la femme (JIF), l’ancienne présidente de la transition centrafricaine a organisé une conférence de presse pour entretenir l’opinion publique, notamment les femmes de différents départements ministériels, sur les principes fondamentaux d’égalité et d’équité dans un contexte où, en République centrafricaine (RCA), 68% des femmes sont analphabètes, contre 42% des hommes, 81% des femmes rurales peinent à s’émanciper économiquement et elles ne représentent que 12% des élus.
D’entrée de jeu, Catherine Samba-Panza est revenue sur le thème national : “Promouvoir la participation des femmes et des filles aux instances de prise de décision et à la consolidation de la paix, gage de développement durable”. Pour l’ancienne femme d’État, investir dans l’éducation des filles et leur donner les outils pour revendiquer leurs droits prédisposent le pays à un brillant avenir collectif. Pour autant, reconnaît-elle, “cette vision se heurte à des obstacles structurels profonds”. Notamment l’analphabétisme massif qui limite l’accès des femmes à l’information et aux opportunités.
“A titre d’illustration, en milieu rural, où vit la majorité de la population féminine, les traditions patriarcales restent ancrées, reléguant les femmes à des rôles subalternes. Les lois existent sur le papier, mais leur application reste un mirage dans un pays où les institutions peinent à s’imposer face aux coutumes et à l’instabilité chronique”, souligne Catherine Samba-Panza. Par ailleurs, la faible représentation des femmes au Parlement illustre cette fracture. Avec seulement 12 % de députées, leur voix est marginale dans les sphères de décision. Pour elle, “cette sous-représentation n’est pas qu’une question de chiffres : elle reflète un système politique où les femmes sont souvent perçues comme des figurantes au lieu d’être des actrices à part entière”. Selon les femmes centrafricaines, les initiatives comme celle de Catherine Samba-Panza sont louables, mais elles s’adressent principalement à une élite urbaine déjà sensibilisée. “Le véritable challenge est d’atteindre les 81% de femmes rurales qui, selon les statistiques officielles, n’ont ni les moyens ni les ressources pour s’affirmer économiquement.”
Dans ce contexte, l’éducation est considérée par toutes comme la meilleure voie vers l’émancipation de la femme centrafricaine. Seulement, dans un pays où les infrastructures scolaires sont défaillantes et les priorités budgétaires souvent tournées vers la sécurité ou les partenariats internationaux, l’accès à l’éducation des filles reste un luxe.
Et le chemin qui mène à cet objectif est semé d’embûches. Le taux d’analphabétisme de 68% chez les femmes n’est pas seulement un handicap individuel : il freine le développement économique et social du pays tout entier. Les 42% d’hommes analphabètes, bien que préoccupants, révèlent une disparité qui perpétue les inégalités de genre.
Sans une volonté politique forte, accompagnée de financements conséquents et d’une réforme profonde des mentalités, les avancées juridiques risquent de rester lettre morte.
La Centrafrique se trouve donc à un carrefour. Les discours optimistes de Catherine Samba-Panza soulignent un potentiel réel. Investir dans l’éducation des femmes et leur participation politique est une nécessité urgente.
Ange Johan Nkouol