Société

Afrique : Education des filles et des femmes.

Une conférence panafricaine pour une stratégie inclusive et durable.

La “Première Conférence panafricaine de l’Union africaine sur l’éducation des filles et des femmes” (AU/PANCOGEd) s’est ouverte, à Addis-Abeba, ce mardi 02 juillet 2024 sur un thème évocateur : « Priorité à l’éducation des filles et des femmes – Une stratégie pour un meilleur accès à un apprentissage inclusif, de qualité et pertinent tout au long de la vie en Afrique ».

Pendant quatre jours, les participants – experts de haut niveau, délégués gouvernementaux, responsables des Organisations non-gouvernementales et de diverses institutions bilatérales etc. – vont échanger sur la question à travers plusieurs panels abordant divers sous-thèmes en rapport avec l’éducation et l’épanouissement de la fille et de la femme en Afrique.

« Nous nous plaçons en droite ligne de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine qui vise à transformer le continent en une puissance mondiale, en plaçant l’éducation des filles et des femmes au cœur de ses priorités », a souligné, lors de l’ouverture, Simone Yankey-Ouattara, Coordinatrice par intérim UA-CIEFFA.

Elle a ajouté que l’union Africaine œuvre pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes à travers un accès équitable à l’éducation de qualité. « Les objectifs incluent l’élimination des disparités entre les sexes dans l’éducation primaire et secondaire, l’augmentation de l’accès à l’enseignement supérieur et technique pour les filles, et la réduction des taux d’analphabétisme parmi les femmes adultes. En soutenant ces initiatives, l’Agenda 2063 aspire à renforcer la participation des femmes dans tous les secteurs socio-économiques, contribuant ainsi à un développement inclusif et durable pour l’Afrique », a-t-elle poursuivi, confiante.

Enjeux

En février dernier, l’UA avait choisi de s’étendre sur l’éducation. Une feuille de route sera déployée à cet effet.  « Eduquer un Africain adapté au 21e siècle : Construire des systèmes éducatifs résilients pour un accès accru à un apprentissage inclusif, tout au long de la vie, de qualité et pertinent en Afrique », était le thème choisi par cet organisme pour cette année 2024.

Aussi, la problématique de l’éducation des filles et des femmes en Afrique revêt-elle un enjeu crucial pour le développement du continent, et c’est à juste titre que l’UA y accorde une importance majeure.

« Les enjeux sont multiformes », a estimé le Dr Martín Benavides, directeur à   l’IIPE – Institut international de planification de l’éducation (Unesco), lors de son intervention aux travaux du “8e Dialogue de haut-niveau sur l’égalité des genres dans l’éducation”. Le thème de ce panel était : “Favoriser des politiques sensibles au genre dans l’éducation à travers la campagne ‘Afriqueeduquesesfilles’ (AEH) et les engagements du Sommet de Transformation de l’Education (TES)”.

« L’éducation des filles et des femmes est essentielle pour promouvoir l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes », a réitéré Benavides. « En leur offrant les mêmes opportunités éducatives que les garçons et les hommes, on peut réduire les inégalités et permettre aux femmes de participer pleinement à la vie économique, politique et sociale ».

Pour le Dr Monique Nsanzabaganwa, Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, l’accent doit être mis sur la réduction de la pauvreté. « L’accès à une éducation de qualité permet aux femmes d’acquérir des compétences et des connaissances qui augmentent leurs chances d’obtenir des emplois bien rémunérés. Cela contribue à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration des conditions de vie des familles et des communautés », a-t-elle professé.

« L’éducation des filles est liée à une meilleure santé et à un bien-être accru. Les femmes éduquées sont plus susceptibles de comprendre et de pratiquer des comportements sains, de se marier plus tard et d’avoir moins d’enfants, contribuant ainsi à la réduction des taux de mortalité maternelle et infantile », a ajouté, pour sa part, Hadijatou Sey, Ministre, Éducation de base et de l’enseignement secondaire, de La Gambie. « Une main-d’œuvre éduquée est essentielle pour le développement économique. Les femmes éduquées peuvent contribuer de manière significative à la croissance économique en participant à divers secteurs économiques, en créant des entreprises et en innovant », a ajouté ce ministre du pays d’Afrique de l’ouest. « L’éducation est un moyen efficace de lutter contre les mariages précoces et les grossesses précoces, qui sont encore courants dans de nombreuses régions d’Afrique. En gardant les filles à l’école plus longtemps, on peut réduire ces pratiques et leurs conséquences néfastes », a renchéri Faustina Namutenya Caley, Vice-Ministre de l’Éducation, des Arts et de la Culture, Namibie. Elle a ajouté que le monde évolue rapidement avec des avancées technologiques et des changements économiques. « L’éducation permet aux filles et aux femmes de se préparer à ces défis et d’exploiter les opportunités offertes par les nouvelles technologies et les secteurs émergents », a poursuivi la ministre.

Transformer l’éducation : une nécessité impérieuse

Selon l’UA reconnaît l’importance des femmes innovatrices dans l’utilisation de la technologie pour transformer le secteur de l’éducation en Afrique est une nécessité impérieuse. Cette transformation peut se réaliser à travers plusieurs axes clés.

Premièrement, les femmes innovatrices apportent des solutions technologiques qui améliorent l’accès à l’éducation. Grâce à des plateformes en ligne et des applications mobiles, elles rendent l’apprentissage accessible même dans les zones les plus reculées. Des initiatives comme les cours en ligne ouverts et massifs (MOOC – Massive Open Online Courses) permettent aux étudiants de bénéficier d’une éducation de qualité sans les contraintes géographiques.

Sur un autre plan, l’utilisation des technologies numériques par les femmes innovatrices permet de créer des contenus éducatifs adaptés et engageants. En intégrant des éléments interactifs et multimédias, elles rendent l’apprentissage plus attractif et adapté aux besoins des apprenants. Cela favorise une meilleure compréhension et rétention des connaissances.

Ensuite, les femmes innovatrices jouent un rôle crucial dans la promotion de l’inclusivité dans l’éducation. Par exemple, comme l’a suggéré S.E. M. Tsutomu Nakagawa, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon auprès de l’UA, les technologies assistives permettent aux élèves en situation de handicap d’accéder à des ressources éducatives adaptées. De plus, les programmes éducatifs peuvent être personnalisés pour répondre aux besoins individuels des étudiants, contribuant ainsi à une éducation plus équitable.

Nakagawa a conclu : « Les femmes innovatrices utilisent la technologie pour favoriser l’apprentissage des compétences du 21e siècle. Elles intègrent des disciplines telles que les STEM – Sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques – dans les curricula, préparant ainsi les étudiants aux défis du marché du travail moderne ».

Sylvestre Tetchiada, à Addis-Abeba

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