Un plan d’action sur 10 ans pour accroître les investissements dans la production et la distribution d’engrais.
Le plan réaffirme l’objectif de la déclaration d’Abuja de 2006, tripler l’utilisation d’engrais en Afrique pour atteindre l’objectif de 50 (kilogrammes par hectare de terre arable). Concernant la santé des sols, les dirigeants africains se sont engagés à inverser la dégradation des terres et à restaurer les sols sur au moins 30 % des sols dégradés d’ici 2033.
« En termes d’utilisation d’engrais, l’Afrique est en dessous de la moyenne mondiale et l’objectif fixé par les dirigeants africains d’État et de gouvernement en 2006 », a reconnu Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union africaine dans son discours de clôture du sommet. « Dix-huit ans plus tard, le taux moyen d’utilisation d’engrais s’élève à environ 18 kilogrammes, soit moins de la moitié de l’objectif fixé en 2006. Nous avons la responsabilité d’apprendre et d’appliquer les leçons expliquant pourquoi cet écart persiste. »

Il existe une grande disparité dans l’utilisation des engrais en Afrique, qui varie de 0,03 kg/ha au Soudan et 1,04 kg/ha en Somalie à 542,47 kg/ha aux Seychelles et 542,57 kg/ha en Égypte, le chiffre le plus élevé enregistré par un pays africain. Depuis la déclaration d’Abuja, seuls 10 pays ont atteint ou dépassé l’objectif de 50 kg/ha. Ces pays sont : Maroc 55,29, Eswatini 57,77, Botswana 59,27, Kenya 60,66, Zambie 63,90, Malawi 96,74, Afrique du Sud 104,64, Maurice 186,50, Seychelles 542,47 et Égypte 542,57. Malgré la production annuelle d’environ 30 millions de tonnes d’engrais minéraux, de nombreux pays dépendent encore fortement des importations, en particulier des engrais sans phosphate, ce qui les laisse vulnérables aux chocs du marché. D’un autre côté, les pédologues, les experts agricoles, les militants et les groupes d’agriculteurs ont dénoncé le recours aux engrais chimiques dans le plan d’action, certains l’ont même qualifié de « recette pour catastrophe.” Les experts ont souligné que la santé des sols va au-delà des solutions miracles fournies par les engrais chimiques, car nous devons penser nos sols de manière globale. La santé des sols est cruciale pour l’Afrique et la sécurité alimentaire. La recherche montre que les engrais inorganiques à eux seuls n’augmentent pas les rendements en Afrique, puisque 15 % des tous les sols agricoles en Afrique sont affectés par des problèmes d’acidité qui affectent la capacité du sol à utiliser
les engrais azotés. Parallèlement, des études montrent que l’intégration de matières organiques et inorganiques les engrais améliorent la productivité des cultures.
Plusieurs chefs d’Etat ont pris part à ce sommet. Les présidents du Kenya, du Zimbabwe, du Malawi, de la Centrafrique et le premier ministre d’Eswatini ont prononcé des discours en insistant sur le fait pour l’Afrique de prendre son destin en main en soignant ses sols.
Le Sommet africain sur les fertilisants et la santé des sols s’est ouvert le mardi 7 mai 2024 à Nairobi au Kenya. Devant ses invités et partenaires réunis au Kenyatta International Conference Centre, la Commissaire chargée des questions agricoles à l’Union africaine, Mme Josefa Sacko, a parlé de la Déclaration de Nairobi, du Plan d’Action Décennale et le Mécanisme de Financement des fertilisants en Afrique.
A l’en croire, ce sont au moins 4000 participants et experts qui ont discuté des questions liées au thème du Sommet. En effet, malgré les efforts de l’Union Africaine, les Etats africains rechignent à investir dans ce domaine. Il y a comme une absence totale de volonté politique pour dérouler la Déclaration de Nairobi et subséquemment celle d’Abuja. Des pays comme la Somalie et le Soudan n’utilisent que très rarement les fertilisants. Les pourcentages n’atteignent pas 5% dans ces deux pays cités.
Il en est de même dans plusieurs autres pays d’après la Commissaire Sacko. Cependant, quelques pays, une dizaine, notamment le Maroc, Eswatini, l’Afrique du Sud, le Botswana, les Seychelles et la Zambie se démarquent. Mme Josefa Sacko les a félicités pour leurs efforts dans l’atteinte d’une autosuffisance alimentaire.

« Nous devons travailler dur pour nourrir l’Afrique », prévient-elle. Josefa Sacko a terminé son propos en présentant ses condoléances au peuple kényan victime d’inondations. Une occasion pour elle de rappeler l’attention particulière que l’on devrait porter aux questions liées au réchauffement climatique. Plusieurs personnalités dont l’ancien Premier Ministre d’Ethiopie Dessalegn Mariam, et le ministre de l’Agriculture de l’Ouganda ont pris part à l’ouverture du Sommet.
Valery FOUNGBE,
Envoyé Spécial à Nairobi